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Moulinex, la mécanique du pire



Documentaire (52 min) du réalisateur sardon Gilles Balbastre (2003).



Le 22 octobre 2001, le tribunal de commerce de Nanterre cède, pour quelques centaines de milliers d'euros, Moulinex, une des entreprises françaises les plus célèbres au monde, à son concurrent de toujours, Seb ! Résultat direct pour les salariés : quatre sites sont fermés en France, une poignée de part le monde et, au total, 5 400 personnes sur le carreau. Près de soixante-dix ans après sa création par l'entrepreneur Jean Mantelet, l'entreprise disparaît à jamais. Seule la marque demeure dans les rayons des supermarchés. Quelques mois après cette débâcle industrielle, le réalisateur de ce documentaire a cherché à rencontrer les acteurs directs, et parfois indirects, qui ont contribué à l'histoire de Moulinex. Les P-DG et les cadres dirigeants ne se laissent pas approcher facilement, surtout quand leurs missions ont échoué à ce point. Il a fallu bien des relances et à nouveau de longs mois pour que la majorité d'entre eux acceptent de raconter à la caméra, à leur manière, le jeu auquel ils ont participé et qui a conduit finalement plusieurs milliers de salariés droit dans le mur...


Voir le film en ligne :

Moulinex, la mécanique du pire (52 min., Vidéo haut-débit)

Il manque les 8 dernières minutes... (si par hasard quelqu'un a le film dans sa totalité, merci de me contacter...)

Résumé du film :

Le 7 septembre 2001, la société Moulinex dépose son bilan, une catastrophe pour des milliers de salariés qui perdent ainsi leur emploi. Comment le n° 1 de l’électroménager français en est-il arrivé là ? C’est ce que tente d’expliquer ce documentaire en retraçant l’histoire de l’entreprise. Grâce aux témoignages croisés des P.-D.G. successifs, des cadres dirigeants et des ouvriers, Gilles Balbastre souligne tout autant l’implacabilité des intérêts et des logiques économiques, qui préludent à la chute d’une société, que la détresse de ceux qui la subissent.


Deux groupes de voix dissonantes, deux mondes qui s’affrontent. Chacun avec ses arguments et sa réalité quotidienne. D’un côté, des ouvriers aux vies meurtries par la faillite de Moulinex, qui s’en prennent à l’incompétence et à la rapacité de ses nombreux dirigeants. De l’autre, ceux qui se sont succédé à la tête de l’entreprise et qui pointent du doigt erreurs de management et mondialisation. Il faut dire que, dans les années 60, l’entreprise florissante créée par Jean Mantelet ne se soucie pas de la concurrence. La grande distribution n’existe pas encore et les produits ménagers Moulinex se vendent comme des petits pains chez les détaillants. Mais l’apparition des premières grandes surfaces marquent le début des difficultés. « Moulinex n’en tire pas les conséquences et continue de garder un outil de production d’à peu près la même taille. Et on ne peut pas à la fois continuer d’améliorer la productivité sur des marchés qui stagnent et garder les effectifs », analyse Michel Vannoorenberghe, directeur financier de 1975 à 1990. Ce dernier et Roland Darneau, qui dirigea Moulinex de 1968 à 1994, sont à l’origine du rachat de l’entreprise par les salariés (RES). Cette mesure destinée à relancer l’entreprise, d’abord bien accueillie par le personnel, sera ensuite critiquée lorsque les retombées financières favoriseront surtout les cadres dirigeants. Dans les années 90, le rachat de la société allemande Krupps, initié par Darneau, divise les deux hommes.

Mort annoncée d’une entreprise

Célébrée par les médias et soutenue par les syndicats, cette opération apparaît pourtant aux yeux du financier « trop chère et hors de portée de Moulinex ». L’avenir semble lui donner raison. La récession de 1993 affecte durement une entreprise déjà fort endettée. Dès lors, les banques exigent le retrait du RES, et, en 1994, le groupe financier Eurys devient le principal actionnaire de Moulinex. Son président, Jean-Charles Naouri, place Jules Coulon à la tête de la société. Les salariés se souviennent seulement de l’homme invisible qui ferma les premiers sites et mit en place le premier plan social. L’action perd 28 %. Pierre Blayau succède à Jules Coulon de 1996 à 2000. Cet énarque, proche des milieux socialistes, aidé par Mc Kinsey - leader mondial de conseil en management - lance un nouveau plan social pour rationaliser au maximum la production. Le personnel doit s’adapter à de nouvelles techniques et aux « cadences infernales de travail ». L’action remonte et Naouri vend. Privée de ses actionnaires principaux, Moulinex est frappée de plein fouet par la crise financière russe de 1998. Dès lors, la valse des dirigeants s’accélère, et le train des plans sociaux ne s’arrête plus, jusqu’au dépôt de bilan de septembre 2001 et au dépeçage de l’entreprise en faveur de Seb. Laissant sur le carreau des milliers d’ouvriers...

AU FIL DES TÉMOIGNAGES

« Ce qui est arrivé à Moulinex tient en partie au comportement irresponsable des actionnaires. Parce que trop souvent les financiers tirent immédiatement profit de leurs placements plutôt que d’envisager ce dont l’entreprise a besoin pour maintenir sa concurrence et pour développer sa croissance. » Frank Borotra, ministre de l’Industrie de 1995 à 1997 « Ils veulent de l’argent pour faire de l’argent. Ils n’en ont jamais assez. Ils nous coulent. Ils mettent nos familles en péril, ils mettent nos régions en péril. Parce que dans la région, trois Moulinex, ça fait quand même beaucoup d’emplois, beaucoup de familles en déroute. On ne devrait pas avoir le droit de faire des choses comme ça. » Véronique Cauvin, ouvrière de production à Bayeux de 1979 à 2002 « Je ne passe jamais devant l’usine... Je n’y arrive pas, rien à faire. » Michèle Leguédé, ouvrière de production à Argentan de 1963 à 1997

UNE VIE DÉDIÉE À MOULINEX

Mère de famille, ouvrière spécialisée dans une des entreprises Moulinex, Nicole Magloire a travaillé pendant trente ans, huit heures par jour, sur sa machine à souder. Le 11 septembre 2001, elle apprend, comme tant d’autres, que l’usine où elle travaille depuis toujours ferme. Son fils Franck décide alors de raconter l’histoire de sa mère dans un livre. Ouvrière*a reçu le prix littéraire 2003 de la ville de Caen. De ce récit est né ensuite une pièce de théâtre du même titre, adaptée par Catherine Gandois et Didier Sauvegrain, qui a été jouée à Aix-en-Provence, à Angers et à Paris en décembre 2003. * Ouvrière,de Franck Magloire, Editions de l’Aube, 2002.

AUTOUR DE MOULINEX

  Moulinex - Ils laisseront des traces, de Dominique Gros et M. Damiau, Isoete, 2003.
  Moulinex, 25 ans au service de Jean Mantelet,de Didier Douriez, Editions Cahiers du temps, 2001.
  La Magie Moulinex - La conquête des femmes,de Tristan Gaston- Breton et Patricia Defever Kapferer, Editions Le Cherche-Midi, 1999.

 

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